Fête du travail et Journée commémorative de « Josef, le travailleur »
Chers frères et sœurs Kolping,
Quasiment aucun de nos quelque 400.000 membres Kolping sur la terre ne peut vivre sans travailler. Beaucoup ont travaillé jusqu’à un âge avancé, beaucoup ont leur vie active devant eux.
Le travail professionnel, le travail dans la famille, les soins, le dévouement aux autres et le bénévolat contribuent à faire tourner le monde et garantissent la vie, la survie. Etant donné que chaque personne doit travailler pour vivre, le travail des personnes doit être à raison « humain ». Et trop souvent il ne l’est pas. Chaque jour, des personnes souffrent et meurent des conditions de travail qui ne sont pas dignes et des millions ne reçoivent pas un salaire juste. Et nous savons tous que cela n’est pas un phénomène récent, mais déjà très ancien. Rappelons-nous ce qu’a écrit en 1848 le Bienheureux Adolph Kolping sur l’ère industrielle à laquelle il vivait, sur les salaires de misère et la violation de la dignité humaine :
« La plus grande partie des ouvriers gagnent souvent à peine leur pain quotidien, même s’ils travaillent. Le salaire n’a cessé de diminuer depuis des années ; la concurrence ayant augmenté, les prix ont baissé, la charge a pesé sur le fabriquant qui en a transféré tout le poids sur les ouvriers. Ceux qui se trouvent en bas de l’échelle portent la charge. On m’a montré entre autre des étoffes qui généraient il y a trois ou quatre ans encore dix à douze ‘Silbergroschen’ de salaire et pour lesquelles on n’en paie plus que quatre à cinq. Il serait intéressant de comparer les salaires pour différents articles des dix dernières années ; cela refléterait une échelle du bonheur du peuple. Si souvent, une famille s’évertue [!] pendant toute la semaine après une longue et fatigante attente et gagne à peine deux à trois Taler qui sont bien peu dans les conditions actuelles.
De plus, parfois, l’ouvrier est traité de manière révoltante, moins par les dirigeants eux-mêmes que par leurs subalternes. L’ouvrier supporte, souffre, reste silencieux car il ne veut pas que resserrer encore plus ou même être étouffé par la corde que les conditions fatales lui ont misent autour du cou. Chacun sait que les tribunaux du travail ne suffisent pas pour de telles situations, si l’on a fait des expériences dans de telles affaires. Je le répète : notre industrie d’aujourd’hui est un égoïsme glacial et raffiné qui n’a jamais été pire dans le monde. Il exerce machinalement une tyrannie sur les seigneurs et les serviteurs telle qu’elle devient palpable dans une certaine mesure. En effet, la réalité concrète met des armes redoutables entre les mains de certains ennemis de l’humanité. » (Adolph Kolping, Brief von der Wupper (Lettre de la Wupper), d’avril 1848 ; issue du Rheinisches Kirchenblatt 5 (1848))
Dans beaucoup de pays, les normes du bon travail se sont développées fondamentalement depuis 1848 et les personnes jouissent d’une protection juridique contre l’exploitation dangereuse. Mais également dans les sociétés qui se targuent d’avoir des normes de travail élevées, la sécurité au travail, les salaires minima et la cogestion sont encore structurellement bafoués. Les normes de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) pour le respect desquelles KOLPING INTERNATIONAL œuvre sans relâche, ne sont pas réellement appliquées dans beaucoup de régions du monde.
Ce qui a encouragé Adolph Kolping à son époque à fonder son œuvre, est notre mission aujourd’hui encore : luttons contre l’exploitation et la violation de la dignité humaine. Revendiquons de la part des dirigeants dans nos pays la protection des travailleurs et ne nous laissons pas contraindre par un nivellement vers le bas qui conduit au fait que les entreprises n’investissent que là où la main d’œuvre est la moins chère. Restons fidèles à la mission d’Adolph Kolping. N’acceptons pas que la « corde », comme il l’évoque, ne se resserre autour du cou des travailleurs lorsque leur salaire n’assure pas la subsistance des familles.
Le 1er mai, joignons-nous, frères et sœurs Kolping, à ceux qui luttent pour un monde du travail juste. Nous nous joignons aux syndicalistes, aux entrepreneurs et entrepreneuses qui, avec leur personnel, créent des valeurs et payent des salaires équitables, nous nous joignons à tous ceux et celles qui ont perdu des proches dans un monde du travail inhumain.
Le 1er mai nous rappelle cette mission d’Adolph Kolping. Réalisons cette mission avec l’aide de Dieu et prions pour obtenir son réconfort et la protection de Saint Josef.
Nous vous saluons avec un chaleureux « Fidèles à Kolping ».
Msgr. Christoph Huber, Prases Général
Dr. Markus Demele, Secrétaire Général
Karin Wollgarten, Directrice Générale